Un peu d'histoire : |
L'électromagnétisme |
Documentation scientifique : |
Electricité |
Extrait de publication |
Ouvrage collectif | ||
Le Trésor, Dictionnaire des sciences | Éditions Flammarion | Paris |
Publication : 1997 | Mise en ligne: avril 1998 | |
Avertissement du Trésor | ||
A lire après : Aimant; Interactions fondamentales de la physique; Lumière; Onde; Relativité; Spectre. |
Sommaire: |
Électricité et magnétisme L'intuition de Faraday Maxwell et les ondes électromagnétiques L'électromagnétisme, une mine d'applications L'électrodynamique quantique L'unification "électrofaible" |
Electricité et magnétisme Lorsque, en 1820, un professeur de physique de l’université de Copenhague, Hans Christian Œrsted, annonça qu’il venait d’observer qu’un fil parcouru par un courant électrique provoquait la déviation d’une aiguille aimantée placée à proximité, il ne se doutait probablement pas qu’il ouvrait ainsi la voie à l’électromagnétisme, qui allait devenir l'un des piliers de la physique du XIXe siècle. Certes, on soupçonnait déjà qu'existait une relation de cousinage entre les phénomènes électriques et magnétiques, ne serait-ce que parce que l’on savait qu’un orage, dont la nature électrique avait été établie par Benjamin Franklin (voir ÉLECTRICITÉ) pouvait perturber le fonctionnement des boussoles. Mais une telle influence n’avait jamais pu être mesurée de façon rigoureuse et reproductible. Au début du xixe siècle, l'édifice théorique de cette branche de la physique était constitué de deux piliers bien séparés : l’électrostatique d'une part, la magnétostatique d'autre part. L’électrostatique décrivait les interactions entre corps chargés électriquement, la magnétostatique celles entre corps aimantés. Les deux domaines présentaient bien certaines similitudes, par exemple la propriété pour les objets étudiés de se repousser ou de s’attirer, mais ils semblaient recouvrir des phénomènes de natures distinctes : un aimant et un corps électrisé ne s’attirent pas ; un corps électrisé est soit chargé positivement, soit chargé négativement, tandis qu’un AIMANT contient toujours deux pôles inséparables, même lorsqu’on le casse en deux. Une semaine après l’exposé d’Œrsted, André Marie Ampère donna l'explication de ce que celui-ci avait observé. Il prit comme objet élémentaire le fil conducteur parcouru par un courant électrique (ou, plus exactement, une portion infime de ce fil) et ramena le problème du magnétisme à celui de l’interaction entre fils électriques. Si un fil est susceptible d’agir sur un aimant, c’est parce qu'un aimant est au fond lui-même équivalent à une multitude de boucles de courants élémentaires (voir AIMANT ou MAGNÉTISME). Ampère trouvait ainsi la clé de l’ensemble des phénomènes magnétiques observés, mettant le doigt sur l’origine commune des phénomènes magnétiques et électriques : le magnétisme résulte simplement de la présence de courants électriques, c’est-à-dire de déplacements de charges électriques (voir ÉLECTRICITÉ). La compréhension de ce lien entre électricité et magnétisme fut renforcée par les travaux de Michael Faraday. Fasciné par l’expérience d’Œrsted, celui-ci n’eut de cesse de démontrer l’effet inverse, c'est-à-dire l'induction par un aimant d’un courant électrique au sein d’un fil conducteur. Il y parvint en 1831, découvrant que l’effet ne se produit que si l’aimant est animé d’un mouvement par rapport au fil. Ce nouveau phénomène, l'induction électromagnétique, allait jouer un rôle considérable dans le développement de l’électricité industrielle (voir ÉLECTRICITÉ). L'intuition de Faraday Maxwell et les ondes
électromagnétiques Ce fut un jeune Allemand, Heinrich Hertz, élève de l’un des grands physiciens de l’époque, Hermann von Helmholtz, qui paracheva le triomphe de la théorie de Maxwell. Il commença par la débarrasser de ses fondements mécaniques contestables, écartant l’éther hors de la théorie pour ne garder que les champs électrique et magnétique, qui passèrent du coup du rang de simples intermédiaires de calcul au statut d’objets physiques essentiels. Ensuite, il vérifia expérimentalement la prédiction fondamentale de la théorie de Maxwell, c'est-à-dire que les ondes électromagnétiques se propagent à la vitesse de la lumière. A l’aide d’un dispositif électrique qu’il avait mis au point, il produisit en 1887 des ondes électromagnétiques de grande longueur d’onde, les ondes hertziennes, dont il put mesurer la vitesse de propagation et vérifier qu’elle s’identifiait bien avec celle de la lumière. Après qu’il eut démontré expérimentalement que ces ondes pouvaient être réfléchies ou réfractées, tout comme la lumière (voir OPTIQUE), il devint clair que celle-ci ne se distinguait plus en rien de celles-là : la nature électromagnétique de la lumière était établie, jetant un éclairage nouveau sur les équations de Maxwell. Au moyen de quatre équations relativement simples, on unifiait non seulement l’électricité et le magnétisme, mais on ramenait à la nouvelle branche ainsi formée l’ensemble de l’optique. Jamais, dans l’histoire de la physique, un ensemble aussi restreint de lois n’avait suffi à rendre compte d’une telle diversité de phénomènes. La théorie fut encore améliorée en 1895 par le physicien hollandais Hendrik Antoon Lorentz, après qu’on eut découvert la particule porteuse de la charge électrique (négative) élémentaire : l’ÉLECTRON. Prenant cette particule élémentaire en compte, il put obtenir l’expression microscopique de paramètres importants de la théorie de Maxwell (constante diélectrique, perméabilité magnétique…), interpréter certains phénomènes optiques et même en prévoir un nouveau, l’effet Zeeman, avant que celui-ci soit mis en évidence expérimentalement (voir SPECTRE). Toutefois, la théorie ne tarda pas à rencontrer ses premières limites expérimentales. Tout d’abord, l’effet Zeeman s’avéra plus subtil qu’on ne l’avait espéré, n’obéissant que partiellement aux prévisions de Lorentz. D’autre part, la théorie se révéla insuffisante aussi bien pour comprendre la structure des spectres d’émission des différents éléments chimiques (voir SPECTRE) que pour interpréter le rayonnement émis par un corps noir (voir CORPS NOIR), ou encore pour expliquer la production d’étincelles sur un métal qu’on illumine avec un rayonnement ultraviolet (ce phénomène, appelé effet photoélectrique, avait été découvert par Hertz en 1887). Enfin, l’expérience menée par l’Américain Albert Michelson, à partir de 1881, pour déterminer dans quel référentiel (c’est-à-dire par rapport à quel objet considéré comme fixe) la vitesse de la lumière s’identifiait avec la valeur prévue par la théorie (car la vitesse d’un objet dépend normalement du référentiel dans lequel on la mesure), donnait des résultats très difficiles à interpréter. Et pour cause : cette expérience allait devoir attendre l’avènement, en 1905, de la théorie de la RELATIVITÉ restreinte d’Einstein pour recevoir une interprétation. Quant aux autres énigmes, elles ne furent résolues que dans le cadre de la PHYSIQUE QUANTIQUE. L'électromagnétisme, une mine
d'applications L'électrodynamique quantique En 1947, l'Américain Willis Lamb mesura expérimentalement une grandeur importante concernant l'atome d'hydrogène, appelée depuis le Lamb shift. Toutes les tentatives faites jusqu'alors pour calculer la valeur de cette grandeur à partir de l'électrodynamique quantique avaient conduit à des résultats infinis. Il fallut dès lors analyser en profondeur ce violent désaccord entre une mesure expérimentale et sa prédiction théorique. Deux années d'efforts intenses permirent aux théoriciens, notamment au Japonais Shinichiro Tomonaga et aux Américains Julian Schwinger et Richard Feynman, de mettre sur pied une procédure mathématique sophistiquée permettant d'éliminer les quantités infinies qui apparaissaient dans leurs calculs, et d'aboutir à des prédictions théoriques conformes aux résultats expérimentaux. Cette procédure, appelée la RENORMALISATION, conféra à l'électrodynamique quantique une solidité et une puissance exceptionnelles. L'unification électrofaible "Le Trésor, dictionnaire des sciences © Flammarion 1997. Ce texte ne peut être ni reproduit, ni vendu sans l’autorisation de l’éditeur." |
|
![]() |
![]() |